Varia

10 août 2011

Pas un jour sans une ligne

« Pas un jour sans une ligne » selon le proverbe latin :

« Apelle avait une habitude à laquelle il ne manquait jamais : c’était, quelque occupé qu’il fût, de ne pas laisser passer un seul jour sans s’exercer en traçant quelque trait ; cette habitude a donné lieu à un proverbe. »

Pline L’Ancien, Histoire naturelle, livre 35

17 juillet 2011

La force des idées

À propos de l’élection qui vient :

« La campagne électorale impose, si on veut l’emporter, d’être pragmatique. Le but, c’est de gagner l’élection, c’est la priorité absolue, qui conditionne la possibilité d’imposer ses idées et son programme. Il ne faut pas attendre un quelconque "débat de fond", le moment n’est pas propice, puisque le but fondamental de l’élection est de sélectionner une personne, pas un programme. La question qui est immédiatement posée, c’est « mais alors, il a lieu quand le débat de fond ? ». Il a lieu, mais dans d’autres sphères, selon d’autres modalités. Il faut juste savoir où regarder (et pour cela, il ne faut pas compter sur les médias).

Les débats de fond sont un processus en général lent, éclaté, collectif et médiatiquement peu visibles. Cela se déroule par le biais de colloques, d’articles confidentiels dans des revues spécialisées, de rencontres informelles et de discussions de couloirs. Cela concerne un nombre finalement assez réduit de personnes, mais souvent, sur des thèmes et des questions assez précises. Quand un sujet est technique, il faut déjà savoir de quoi on parle, ce qui constitue parfois une barrière à l’entrée, même s’il y a plusieurs cercles. On peut avoir ceux qui maitrisent parfaitement, sont reconnus dans le milieu concerné et ont réfléchi au sujet. Ils sont au coeur du processus, comme éléments moteurs, mais pas forcement comme décideurs. Il y a ensuite ceux qui comprennent ce qui se dit, sans pour autant avoir une maitrise technique complète. Ce qu’ils comprennent, ce sont les enjeux, et c’est dans cette catégorie que l’on retrouve, entre autres, les politiques (qui sont rarement des experts pointus, même si ça arrive). »

Débat de fond et présidentielle

14 juillet 2011

Dernières vacances avant la récession

Rien que pour le titre.

« Fondamentalement, l’ancien monde d’une croissance forte soutenue par des bas prix de l’énergie est désormais mort. Néanmoins, la nostalgie du passé aveugle encore nos dirigeants, et les candidats à la présidentielle, en France comme aux Etats-Unis, ignorent que notre industrialisme n’est qu’une machine thermodynamique qui convertit des inputs énergétiques en biens et services. La loi de l’entropie s’impose à la fin, c’est-à-dire aujourd’hui.

La seule solution pour éviter la récession serait une augmentation permanente de la production de pétrole bon marché. L’impossible réalisation de ce fantasme nous conduit à l’autre solution : la décroissance massive de notre consommation de pétrole, que nous le voulions ou non. »

Yves Cochet, Dernières vacances avant la récession

11 juillet 2011

Le commerce des idées

…où comment le web a changé nos vies :

Sur Internet, comme tous ceux qui s’intéressent à la philosophie contemporaine, étudiants, enseignants, ou qui travaillent en philosophie analytique, je navigue sur l’excellent site de David Chalmers et David Bourget, Philpapers là où l’on trouve des milliers de contenus en métaphysique, épistémologie, éthique, etc. Et lorsque je veux en savoir plus long sur la logique dans la philosophie indienne classique, je me rends sur la Stanford Encyclopedia of Philosophy. Ce ne sont là que deux exemples d’une effervescence philosophique qui se fiche bien de l’endroit d’où l’on vient. Mais si je le souhaite, je peux lire aussi des textes en français, des livres de chez Ithaque ou des articles de la nouvelle revue Igitur. Et ce ne sont là encore que deux exemples des avancées vraiment intéressantes du courant analytique en France.

La métaphysique au Collège de France (effet collatéral)

Derek Parfit, recension On What Matters

Recension du dernier ouvrage de Derek Parfit, On What Matters.

« In this largest part of the book, Parfit attempts to demonstrate that the best versions of three prominent ethical theories traditionally viewed as being opposed to each other actually converge. The theories in question are consequentialism, Kantian deontology and contractualism. It is widely held, for example, that Immanuel Kant’s view rules out certain kinds of action no matter what their consequences. But if Parfit’s thesis is right, then a significant part of the history of Western moral philosophy has rested on a mistake.

(…)

Parfit painstakingly works his way through the most popular formulations of each view, revising them against counter-examples until they are each as tight as possible. The resulting theories are: a version of rule consequentialism according to which "everyone ought to follow the principles whose universal acceptance would make things go best"; a contractualist formulation of Kant’s categorical imperative, according to which "everyone ought to follow the principles whose universal acceptance everyone could rationally will"; and a revised account of Scanlon’s social contract theory, according to which "everyone ought to follow the principles that no one could reasonably reject".

Parfit argues that all three converge to prescribe the same set of actions, despite their emphases on features of morality that are in prima facie tension. He takes these actions to be recommended by a "triple theory" that combines three properties shared by all three of the aforementioned principles: "An act is wrong just when such acts are disallowed by the principles that are optimific, uniquely universally willable, and not reasonably rejectable."

Accordingly, he argues, rival theorists have been "climbing the same mountain on different sides" to reach the same view of what matters, namely "that we rich people give up some of our luxuries, ceasing to overheat the earth’s atmosphere, and taking care of this planet in other ways, so that it continues to support intelligent life". The triple theory, Parfit maintains, gives us overwhelming reasons to believe that this is the truth about what matters and then to act accordingly (with Parfit defending his claims about normative reasons and truths in the first and last parts of the book). »

On What Matters, Volumes I and II

28 juin 2011

Claudine Tiercelin, leçon inaugurale sur la connaissance métaphysique

La leçon inaugurale de Claudine Tiercelin sur la connaissance métaphysique.

La poussée nationaliste en philosophie

Karl Kraus disait déjà « ne pas avoir d’idées et savoir les exprimer : c’est ce qui fait le journaliste. »

« Il y a des formes de nationalisme philosophique que je ne peux considérer autrement que comme puériles et déshonorantes, en particulier celle dont la rue d’Ulm semble être devenue depuis quelque temps la représentante par excellence dans sa façon de militer pour le retour à la seule philosophie digne de ce nom - autrement dit, la philosophie française, et plus précisément la « French Theory ». Verra-t-on un jour arriver enfin une époque où on trouvera normal, pour ceux qui estiment avoir des raisons de le faire, de pouvoir critiquer certaines des gloires de la philosophie française contemporaine, comme Derrida, Deleuze, Foucault et d’autres, sans risquer d’être soupçonné immédiatement d’appartenir à une sorte de « parti de l’étranger » en philosophie ? Si la philosophie, au moins quand il s’agit de penseurs de cette sorte, est en train de se transformer en une sorte de religion dont les dogmes et les ministres sont à peu près intouchables, je préfère renoncer tout simplement, pour ma part, à la qualité de philosophe. Et s’il y a une régression qui est en train de s’effectuer, je crains malheureusement que ce ne soit pas dans le sens qui est suggéré par les gens que vous avez interrogés, mais plutôt dans l’autre 4. J’ai, en effet, bien peur que ce ne soient d’abord ceux qui, comme moi, depuis le milieu des années 1960 ont essayé, dans des conditions particulièrement défavorables, d’ouvrir la philosophie française sur l’étranger et de l’internationaliser un peu plus, qui ont des raisons de s’inquiéter. Mais c’est, me semble-t-il, plutôt de leur côté que de celui des défenseurs de la philosophie essentiellement et même parfois uniquement « française » que devrait se situer un journal ayant des ambitions intellectuelles comme le vôtre. »

Jacques Bouveresse, Poussée de nationalisme philosophique à la rue d’Ulm

(via @NicholasPain)

« Vous allez très bientôt migrer automatiquement » m'annonce-t-il sur le bandeau jaune.

« Vous allez très bientôt migrer automatiquement » m’annonce-t-il sur le bandeau jaune.

17 juin 2011

Using Templates with Vim

Using Templates with Vim : une explication sur la création de gabarits de fichiers (type prologue de TeX-LaTeX) avec définition de valeurs.

15 juin 2011

Le trilemme de Rodrik

« Le trilemme de Rodrik est le suivant. Il est impossible d’avoir simultanément :

- une intégration économique et financière poussée (libre échange, flux de capitaux ouverts, monnaie unique, etc)

- des états-nations souverains

- la démocratie

Il n’est possible d’en avoir que deux sur les trois. On peut rapidement l’expliquer ainsi : l’intégration économique impose une compétition entre les États qui limite leur capacité à adopter les politiques interventionnistes que souhaitent les populations. Le gouvernement peut alors soit décider d’ignorer la volonté des habitants, et préserver au passage sa liberté de choix; soit décider d’abandonner sa souveraineté et de transférer les aspirations démocratiques à des instances supranationales. Avant la première guerre mondiale, sous le régime de l’étalon-or, les populations n’avaient pas tellement leur mot à dire sur les politiques nationales. Il était donc possible d’avoir un monde constitué d’états-nations fortement intégrés économiquement, dans lequel les populations devaient supporter des épisodes de déflation prolongée (en cas de problèmes, on envoyait la troupe mater les protestataires). L’extension de la démocratie a rendu cela intolérable, jusqu’au point extrême des années 30, avec un essor énorme du protectionnisme et l’abandon de l’étalon-or. Bretton-Woods était un compromis : limitation de l’intégration économique, et exercice de la démocratie au sein d’états souverains. Victime de son propre succès, ce compromis ne fonctionne plus. »

L’euro survivra-t-il ?

6 juin 2011

❤ Vimwiki, a Personal Wiki for vim

J’❤ Vimwiki, un wiki personnel pour l’éditeur Vim.

21 mai 2011

La panique des chiens de garde est réjouissante.

La panique des chiens de garde est réjouissante.

12 mai 2011

Seven habits of effective text editing

Seven habits of effective text editing, en prenant l’exemple de vim mais valable pour d’autres éditeurs.

9 mai 2011

L'assistanat, c'est ceux qui n'ont jamais travaillé de leur vie qui en parlent le mieux.

L’assistanat, c’est ceux qui n’ont jamais travaillé de leur vie qui en parlent le mieux.

À propos du premier livre de Gracq

Corti parle de sa honte et de sa gêne à en faire la demande à Gracq :

« J’attendais un grand livre ; le hasard – mais ce n’était pas le hasard – me l’envoyait. Allais-je devoir le refuser, comme je sus plus tard que Gallimard avait fait ? Retourner ce manuscrit, c’était ce qu’il m’était impossible même de concevoir. Comment concilier ces contraires ? J’étais sans argent liquide en raison de mon usage de payer comptant mes dépenses (ce qui, diront tous les commerçants, est une espèce d’hérésie et qui ne donne pas une haute idée de mon aptitude aux affaires) et j’avais, de surcroît, quelques engagements. Bref, pris entre mon désir de publier ce livre et mon impossibilité de le pouvoir, j’écrivis à l’auteur une lettre qui me coûta beaucoup. S’il allait me prendre pour un marchand de papier imprimé ! Pouvait-il accepter, contre des droits raisonnables, de participer aux frais de l’édition ? Quels jours de crainte n’ai-je pas vécus en attendant sa réponse ? Moins de passion m’aurait laissé plus de clairvoyance, et même sans rien savoir de la situation aisée de l’auteur, me l’aurait fait attendre avec plus de confiance. J’aurais deviné ou compris que ce n’était pas le dépit d’avoir échoué à la N.R.F. qui l’avait conduit chez moi, mais bien, passé le moment de fascination de la grande maison, l’attraction de ma boutique où régnait un « certain esprit ». Elle était le pôle d’un nouveau mode de penser et toute une jeunesse était aimantée à ce pôle. J’étais les Éditions surréalistes ; personne qui en avait suivi la production ne pouvait ignorer mon nom, dont André Breton a écrit qu’il est « intimement lié au Devenir Surréaliste ». Alors, je ne faisais pas ces réflexions ; j’étais dans la fièvre. J’attendais cette réponse. Elle me parvint, et même assez rapidement, sous la forme d’un court billet. C’était une acceptation. Quelques jours plus tard, je recevais sept mille cinq cents francs. Le livre allait m’en coûter onze ou douze mille, mais régler la différence ne m’était pas très pesant.

Souvenirs

Numérique et qualité littéraire

« La spécificité du numérique vient jouer ici : dans les projets d’écriture qui émergent, que nous les recevions ou les suscitions, la dimension technique vient dès l’amont. Coder un système de navigation intra-textuel, insérer un javascript, jouer de l’insertion de fichiers audio, fait que nos camarades codeurs vont être sollicités dès la première étape éditoriale, là où dans l’édition classique on aurait bouclé le projet éditorial avant de le passer à “la fab”. Mais, quitte à me répéter : je vois l’étage et le poumon de la création dans les blogs. Le livre numérique, c’est un état plus stable et dense, compatible avec portage multi-appareils, et installation dans un système de validation et recommandation, de ce qui se cherche et s’invente dans l’écriture web. C’est dans cette complémentarité, et non dans le livre numérique seul, que nous trouvons notre centre de gravité. »

Numérique et qualité littéraire

2 avril 2011

Les Éditions de Minuit n'ont pas d'humour

L’adaptation en jeu vidéo d‘En attendant Godot n’a pas fait rire les avocats des Éditions de Minuit.

« Ultimately, I wanted to make something selfish, something I thought would be funny without ever considering the audience’s opinion. Taking all the fun out of a game is funny. Basing a game on a play where nothing happens is funny. And people played it! One guy told me he made it to the surprise at level 99. That still amazes me. What a great guy. I mean, I can barely make it to level 99. The game is pretty difficult in a way, but rather than testing your reflexes, it tests your patience.

[…]

To quote one of the several cease and desist letters I received from the French lawyers representing the Beckett estate, “Unfortunately we do not share your sense of humor.” They asked me to change the name “Waiting for Godot,” because they held the rights to it. Under American law, my game is considered parody and is protected under fair use, but I complied since I’m just a college kid who can’t really afford a lawyer. So I changed the name to “Samuel Becketttt’s Lawyers Present: Waiting for Grodoudou.” I even explicitly stated on my website that my game is now referring to the Australian Samuel Becketttt, not to be confused with the Irish Samuel Beckett. They didn’t appreciate that. So now it’s just called “Game.” Personally, I find it ironic that a publishing house established to surreptitiously print works censored by occupying Germans wants so strongly to censor my game. »

The Rumpus Interview with Mike Rosenthal

10 mars 2011

Le mythe de l'obsolescence programmée

« La première, c’est que l’idée du "c’était mieux avant, tout était solide, maintenant on ne fait plus que des produits de mauvaise qualité qui s’usent vite" est tellement intemporelle qu’on se demande bien quel a été cet âge d’or durant lequel on faisait des produits durables. (à l’époque de ma grand-mère bien entendu : sauf qu’à son époque, elle disait aussi que les produits de sa grand-mère étaient plus solides). Il y a là un biais de perception, le "biais de survie" : vous avez peut-être déjà vu un frigo des années 50 en état de fonctionnement (j’en connais un, pour ma part) ; vous n’avez certainement jamais vu les dizaines de milliers de frigos des années 50 qui sont tombés en panne et ont terminé à la décharge. Nous avons par ailleurs tendance à idéaliser le passé : je suis par exemple toujours très étonné par les fanatiques qui me racontent, des trémolos dans la voix, à quel point la 2CV Citroen était une voiture "increvable". Dans celle de mes parents, il fallait changer les plaquettes de frein tous les 10 000 km, le pot d’échappement tous les 20 000, et elle était tellement attaquée par la corrosion (au bout de deux ans) que dès qu’il pleuvait, on avait le pantalon inondé par une eau noirâtre et gluante. Je préfère de très loin les voitures actuelles et leurs pannes d’électronique récurrentes.

Mais il n’y a pas que ces biais de survie et d’idéalisation du passé. Si les économistes sont sceptiques vis à vis de l’obsolescence programmée, c’est que cette stratégie apparemment subtile n’a en réalité aucun sens. Prenons un exemple utilisé dans le documentaire, celui des collants féminins qui filent très vite, au point qu’il faut les changer toutes les deux semaines. Si un collant coûte 4€ et dure deux semaines, à l’issue desquelles les clientes en rachètent un, elles montrent à l’entreprise qu’elles sont disposées à dépenser 104€ par an en collants. Or, fabriquer un collant très solide coûte peut-être un peu plus cher à l’entreprise, mais certainement pas autant que de fabriquer 26 collants vendus 104 euros. Elle pourrait donc réaliser un profit largement supérieur, en vendant par exemple un collant garanti un an (avec remplacement gratuit s’il se file entretemps, pour rassurer les clientes) pour une centaine d’euros. »

Le mythe de l’obsolescence programmée

17 février 2011

Bretagne et algues vertes

Bonnes vacances !

Une affiche d’algues vertes choque plus que la pollution qu’elle représente.

« Cette campagne contient notamment plusieurs images extrêmement violentes, dont celle qui est reprise dans Ouest France et le Télégramme de ce matin, et qui associe les algues vertes aux vacances en Bretagne, aux plages et au danger de mort pour les enfants. Autant d’amalgames fortement anxiogènes, qui dissuadent de venir en Bretagne (car même si le nom n’est pas mentionné, tous les éléments amènent à repérer notre région) et qui sont totalement mensongers. Mensongers sur l’idée qu’on peut se faire de la surface envahie par les algues, sur la nocivité des algues vertes quand elles ne sont pas pourries et surtout, mensongers, car nous nous sommes évertués au ramassage mais aussi à une information la plus complète possible et à une totale transparence. »

Réaction du Comité Régional du Tourisme de Bretagne à la campagne FNE

16 janvier 2011

Enseignement anticipé de la philosophie

Une bonne nouvelle :

« L’enseignement de l’Éducation civique, juridique et sociale (ECJS) des classes de seconde et première sera notamment ouvert aux professeurs de philosophie, qui pourront ainsi aborder les notions au programme sous un angle spécifiquement philosophique. Une expérimentation d’un enseignement anticipé de la philosophie sera également lancée au niveau national. Fondée sur l’initiative des équipes pédagogiques et dans le cadre de l’autonomie renforcée des établissements, cette expérimentation pourra se décliner sous différentes formes : les professeurs de philosophie pourront, par exemple, participer à l’accompagnement personnalisé ou aux enseignements d’exploration proposés en classe de seconde, ou encore intervenir de manière ciblée au sein des cours d’autres disciplines pour en éclairer la portée philosophique. »

Enseignement anticipé de la philosophie

qui ne fait pas plaisir à tous le monde :

« La philosophie est une sorte de raté de la pensée, une manière d’aberration intellectuelle. Là où science et religion ouvrent à la pensée des horizons infinis, la philosophie est une impasse évolutive de la pensée arrêtée par le mur de l’impensable. Ce n’est pas qu’elle se satisfasse de ce désastre ni qu’elle l’ait voulu ou qu’elle le revendique. C’est juste qu’elle ne peut pas faire autrement que d’y penser comme à son propre problème incontournable, qui met en doute son existence même. Voilà la philosophie : la pensée saisie d’un doute indépassable et inoubliable non pas sur tel objet, tel sujet, telle question ou tel thème, mais sur sa propre existence !»

Philosopher en seconde ?

D’autre dégonfle les métaphores boursouflées :

« Qu’attend-on en effet de l’enseignement de la philosophie ? Non pas qu’il véhicule une définition préalable de la philosophie, quand bien même d’ailleurs elle trouverait une attestation de légitimité réelle chez tel ou tel grand philosophe. A défaut, un consensus assez large peut être réalisé sur les objectifs de cet enseignement : amener chaque élève à l’exercice réfléchi du jugement, et lui permettre d’acquérir une culture philosophique initiale.

Les moyens en sont de maîtriser des concepts éprouvés dans l’analyse de notions communes fondamentales (vérité, liberté, justice, etc.), de formuler un problème impliqué dans l’application de ces notions, de mener la discussion ordonnée des problèmes en reconnaissant les présupposés et les conséquences de leurs solutions possibles, le tout en s’instruisant, au travers d’ oeuvre s ou de textes des grands philosophes, de la façon dont une telle pensée a pu être portée à son plus haut degré de responsabilité.

Les exigences associées à ce travail ne relèvent pas d’une capacité intellectuelle hors de portée d’un élève de 2de, pourvu qu’il soit convenablement accueilli par un choix judicieux des thèmes à étudier et des exercices qui les accompagnent. »

Vive la philo en 2nde !

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